Au fil de la Nam Ou : Nong Khiaw – Muang Ngoi Neua – Muang Khua (3 au 6 Février 2013)

Nous quittons Luang-Prabang pour une destination qui nous semble un peu plus exotique et authentique : Muang Ngoi Neua, en passant par Nong Khiaw. Notre minivan nous emmène en 3h à Nong Khiaw. Les paysages sont très beaux sur le chemin et ce n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend !

Nous arrivons donc à 12h30, dans la petite ville de Nong Khiaw, qui se compose principalement d’une rue et n’a que peu d’intérêt, sinon une vue imprenable du pont de la ville semble t-il. Pour le moment, on se dépêche de traverser la ville à pieds et de rejoindre l’embarcadère pour savoir si nous pourrons partir le jour-même pour Muang Ngoi Neua, accessible uniquement par la rivière – la Nam Ou. Le bateau part à 14h, donc c’est parfait pour nous, cela nous laisse le temps de pique-niquer et de prendre LA photo qui va bien du fameux pont :-). En effet, les alentours sont très jolis, avec une belle vue sur la Nam Ou que nous emprunterons en bateau et sur les falaises qui l’entourent.

 

Le trajet en « bateau » est SPLENDIDE ! Nous sommes en fait sur une pirogue avec un toit qui peut contenir une dizaine de passagers, on a donc l’impression de glisser sur la rivière…On remonte le courant et passons quelques rapides, ce qui est assez rigolo, mais surtout, nous n’avons pas vu passer le trajet d’1h15 tellement les paysages sont magnifiques. Parfois, on se fait une idée bien précise du pays où nous allons avant d’y arriver, on s’imagine des choses, des façons de vivre, des paysages…parfois sans fondement mais vous savez, notre imagination prend parfois le dessus…Mais là, c’est vraiment ainsi que nous imaginions le Laos et il ne nous déçoit absolument pas. Les paysages sont très sauvages et la rivière d’une couleur très foncée. Nous croisons quelques buffles d’eau qui se baignent dans la rivière, quelques pêcheurs et enfants qui jouent, quelques villages très rudimentaires…Nous avons hâte d’arriver et de randonner un peu autour de Muang Ngoi.

 

 

 

En arrivant, on a du mal à trouver une guesthouse, non pas que le village soit gigantesque (une rue), mais on les fait toutes pour connaître leur tarif. Et les tarifs…ils ont bien augmenté en très peu de temps. On ne veut pas non plus prendre la moins cher qui n’a absolument aucune vue sur la Nam Ou et des chambres absolument horribles…alors on cherche et on compare. Le comble, c’est qu’on finit par revenir à la première guesthouse en sortant de l’embarcadère car les bungalows avaient l’air propre, avec sdb et eau chaude, une belle vue et un propriétaire adorable qui essaie de pratiquer son français. En même temps, même si les prix ont augmenté, ça reste un peu de moins de 5€ la nuit…soit ! La nuit confortera largement notre choix car il s’en est passé des choses pendant cette nuit !!! Premièrement, on était content d’avoir pris un bungalow un minimum bétonné car nous avons eu droit à un énorme orage et à une pluie torrentielle une bonne partie de la nuit. On s’est senti bien, tout d’un coup, dans notre chambre douillette. Et puis, Elise a été un peu malade (ça arrive souvent dans ces pays, surtout nous qui mangeons de tout) et nous avons donc été bien contents d’avoir des toilettes à l’intérieur de notre bungalow ! :-)

Petite chose rigolote : à Muang Ngoi, il n’y a l’électricité que de 18h à 21h30…les soirées y sont donc très courtes et cela vous montre un peu le niveau reculé de ce petit village !

Le lendemain matin, quand le réveil sonne à 6h30, on entend encore la pluie…alors on repousse la réveil d’une heure :-). Et à 7h30, plus rien et le soleil se lève tranquillement….

Vue de notre bungalow au petit matin!

Et la vue de la terrasse de notre guesthouse en ce matin:

 

Après un énorme petit-déjeuner (dans cette ville, ils ne font que des buffets à volonté petit-dej et dîner pour 1,5€ à 2€ – alors on se gave au petit-dej pour ne pas manger le midi :-) – vous nous reconnaissez bien là ?), on part pour une petite randonnée de 5h, direction 2 villages alentours encore plus reculés. Les paysages sont toujours aussi magnifiques et les villages très typiques. On trouve le premier village Ban Na sans problème mais pour le deuxième, Huay Bo, c’est une autre affaire. On sait qu’il faut traverser la rivière pour y arriver juste après le premier village, mais on traverse d’abord au mauvais endroit et le temps de comprendre où nous devons aller, beaucoup de temps s’est écoulé ! :-) Malgré ce petit moment d’égarement, la balade était géniale et nous sommes vraiment contents de notre journée.

 

 

 

 

En général, les gens restent une journée à Muang Ngoi, mais étant donné que nous avons le temps et envie de randonner encore un peu, nous y restons encore le lendemain. On se lève et on part un peu plus tôt car aujourd’hui, on prévoit une rando d’au moins 8h qui devrait faire une boucle qui passe par 3 villages : Huay Seyn, Ban Phon et retour par Ban Na.

Nous atteignons le premier village facilement (il reste encore indiqué et le chemin très clair). Ce village est un peu moins visité que ceux d’hier mais les locaux pas des plus accueillants. :-( On demande notre chemin pour le village suivant et comprenons une vague direction tandis qu’ils nous montrent le début du chemin. On débute sans problème, mais après avoir passé 3 rivières, monté une colline, redescendu la colline en question, monté la montagne suivante, marché à flanc de colline pendant 30 minutes et tout cela dans une jungle absolument luxuriante et sauvage, on décide de rebrousser chemin. Eh oui, cela fait déjà plusieurs heures que nous marchons dans cette jungle de fou au milieu des araignées et des serpents et nous n’en voyons pas le bout, nous n’avons aucune visibilité à cause de la végétation. Et surtout, nous ne savons absolument pas si nous sommes sur le bon chemin…Nous entendons depuis 30 minutes des bruits de pelleteuse au loin, mais on a beau s’en approcher, jamais on ne comprend comment on atteindrait une route d’où on est. Surtout que le sentier commence à ne plus vraiment être un sentier…On a eu du mal à se résoudre à faire demi-tour, mais nous n’avons plus vraiment le temps de nous perdre et on commence à être complétement crevé. Elise a eu l’idée brillante de mettre ses chaussures de randonnée alors que Kevin, en sandales, a les pieds en sang. Et ça, ce n’est pas parce qu’il se bat avec les lianes et les feuillages qui nous entourent, mais c’est juste la conséquence de l’attirance de ses pieds pour les sangsues ! (saleté !). L’idée des chaussures de rando a été décrétée beaucoup moins brillante quand il a fallu traverser plusieurs fois des rivières où nous avions l’eau jusqu’aux genoux : enlever les chaussures, les chaussettes, se sécher les pieds, remettre les chaussettes et les chaussures…ou tout simplement, se faire porter par son galant mari ! Enfin…tout ça nous a bien fatigué !

Sinon, plusieurs choses se sont passées pendant cette randonnée. D’abord, un phénomène inexplicable. Depuis la veille, Elise ne cesse de répéter que les arbres sentent le jambon. Oui oui, vous avez bien lu : le jambon. Et elle assure que cette impression n’est pas due à un manque de charcuterie inassouvi depuis notre départ – on pourra bientôt se considérer comme des végétariens. Alors Kevin s’est bien moqué. Il a quand même essayé de trouver une explication : peut-être qu’ici, au Laos, ce sont des rizières cantonnaises qu’ils cultivent (ben oui, dans le riz cantonnais, y’a du jambon ! Gnark gnark gnark). Enfin, bref, malgré ses moqueries, aujourd’hui, il avoue enfin qu’il sent… …le beurre…Alors conclusion : les arbres de la jungle laotienne sentent le jambon-beurre ! Nous nous sommes totalement accordés là-dessus. 😉

Deuxième phénomène qui a éveillé notre curiosité : la trouvaille de plusieurs chaussures orphelines en pleine jungle ou abandonnées au milieu du chemin. Cela nous arrive fréquemment depuis le début de notre voyage, que ce soient des tongues ou des chaussures, nous en trouvons très souvent des orphelines, en plein milieu de nulle part. Pourquoi abandonner une seule chaussure au milieu de nulle part. Parce que ce n’est pas comme si, en marchant sur un chemin, on pouvait ne pas se rendre compte qu’on avait perdu sa chaussure ! Genre : je rentre chez moi le soir et « oh ben mince alors, je n’ai plus qu’une chaussure !!!! ». On conçoit tout à fait le phénomène en plein chahut de carnaval…on admet qu’il est alors possible, à Dunkerque, de retrouver des dizaines de chaussures orphelines dans la rue après un carnaval. Mais au milieu d’un chemin ou d’un village.. ?!!!?!!!? Cela restera un vrai mystère.

Enfin, le dernier phénomène est plus un coup de gueule. Lors de notre première randonnée la veille, nous avions croisé une pelleteuse traçant une nouvelle route, bien large, entre Ban Na et Muang Ngoi. Le matin, ils en étaient arrivés à quelques kilomètres de Ban Na. Le soir, en repassant, on ne reconnaissait plus notre chemin, la route avait avancé d’au moins un kilomètre : hallucinant ! Et surtout, ils étaient arrivés au niveau des grottes où ils se sont mis à déraciner un énorme arbre…D’une tristesse !!!! Nous avons discuté avec les locaux qui regardaient ce triste spectacle totalement affligeant : détruire une telle nature !!! Aujourd’hui, ils avaient encore bien avancé. Bientôt, ils seront arrivés à Muang Ngoi et le chemin entre Muang Ngoi et Ban Na sera en fait une route bien tracée et bien large. De quoi enlever tout son charme à la beauté du coin. Nous avons réellement pu observer le changement qui est en train de s’effectuer dans ces pays et dans ces petits villages…Pour leur bien ???

Comme vous le remarquez, notre randonnée a été souffrance, gourmandise et questionnement existentiel ! Il faut dire que pour cette deuxième journée, les paysages ont été un peu moins beaux, car la jungle un peu, c’est bien, mais trop de jungle tue la jungle ! Et on en a un peu bavé…

Le soir, on est complétement cassé et c’est avec un plaisir immense et indescriptible que nous avons siroté une bière face à la Nam Ou, pour notre dernière soirée à Muang Ngoi. Ce village est un petit paradis sur terre (pour le moment), l’un des endroits dans lequel nous nous sommes sentis totalement apaisés et comblés. Nous espérons que les futures randonnées qui nous attendent encore plus au Nord du Laos nous combleront autant car là, nous sommes bien tristes de quitter le village.

Nous en avons été encore plus nostalgiques le lendemain soir, en arrivant à Muang Khua. Le trajet de 6h en bateau pour y arriver était toujours aussi magnifique, à 8 dans un petit bateau qui nous donnait encore l’impression de glisser sur la Nam-Ou. La rivière est vraiment très agitée à quelques endroits, ce qui nous vaut de belles grosses éclaboussures. Mais arrivés à Muang Khua, c’est là que tout retombe. L’enthousiasme n’est plus le même et cette ville étape n’a absolument rien du charme laotien que nous avons rencontré jusqu’à présent. Heureusement que nous partons le lendemain pour Phongsali, qui semble plus exotique, car là, on commencerait presque à déprimer ! Le seul moment sympa de la soirée fut notre arrêt à un petit terrain de pétanque, dans une petite rue. Nous avons regardé les laotiens disputer une partie très sérieuse et nous sommes faits offrir du Lao lao : un alcool local très très fort qui nous a bien réchauffé de l’intérieur !!!

Comme vous l’aurez compris, cette étape nous a ravis et pour le moment, le Laos nous emballe vraiment ! A voir pour la suite….