Phnom Penh – A la rencontre des Khmers (1er Mars 2013)

…Et surtout, à la rencontre des Khmers rouges et d’une partie sombre de l’histoire du Cambodge.

Mais avant de découvrir cette partie de l’histoire, direction le marché central. Il fait déjà une chaleur insoutenable dans les rues de Phnom Penh. Il faut dire qu’il n’est pas si tôt que ça (un peu plus de 9h) puisque pour une fois, nous avons bien pris le temps de petit-déjeuner. Quand c’est inclus dans le prix de la chambre et quand on est en famille, ça change tout ! :-)

On part donc pour le marché central, mais d’abord parce que la station de bus la moins cher est juste à côté et que cela nous permet donc d’acheter nos tickets pour le lendemain à destination de Siem Reap (Angkor). Puis, on se lance dans la visite du marché : fruits, légumes, poissons, vêtements, électronique, bijoux scintillants de mille feux, souvenirs…il y a de tout dans un bâtiment des plus modernes, art déco, de couleur jaune. Ce marché est sympa mais il ne grouille pas de monde comme on l’imagine dans les marchés asiatiques. Il semble être devenu plus un marché touristique qu’un marché pour les locaux…

 

Après cette première visite, on part sur les bords de la rivière (le Tonlé Sap) pour arriver au palais royal et surtout à la Pagode d’argent.

 

Mais une fois sur place, on se rend compte qu’il est 11h30 et que la pagode d’argent rouvre à 14h…On passe donc au programme de l’après-midi, on reviendra à la pagode d’argent plus tard. On prend donc notre premier Tuk tuk cambodgien direction le musée Tuol Sleng (musée sur les atrocités des Khmers rouges). Le trajet sur les routes de Phnom Penh est plutôt calme, selon nous. Les parents de Kevin sont ébahis par la circulation asiatique alors que pour nous, c’est devenu l’habitude…Quoi ? Ce n’est pas normal de passer au feu rouge et de rouler en sens inverse ? 😛 En même temps, on trouve vraiment que c’est plus calme que dans beaucoup d’autres pays d’Asie…

Et nous voilà au musée et le temps est donc venu de vous faire un retour rapide sur l’histoire du Cambodge et surtout, sur la période des Khmers rouges.

D’abord, rappelons que la Cambodge était, comme ses voisins le Laos et le Vietnam, une colonie française. Il a gagné son indépendance en 1953. C’est Sihanouk qui dirige alors le pays en tant que premier ministre et qui propage le « socialisme bouddhiste ». Les autres partis  politiques disparaissent. Entre-temps, les Américains font la guerre au Viêtnam. Sihanouk parvient jusqu’en 1970 à épargner au Cambodge les affres de la guerre. Un nouveau parti cambodgien révolutionnaire est fondé en 1960. Saloth Sar (Pol Pot), Khieu Sampan et Ieng Sary en sont membres. Saloth Sar fuit dans la jungle. Khieu Sampan et d’autres membres du parti ouvrier cambodgien s’étaient déjà réfugiés dans la forêt vierge. Ces combattants formeront les Khmers rouges dans le maquis communiste. IIs s’allient aux Vietcongs dans le « Bureau 100 », un camp mobile dans la jungle.

Alors que les Vietcongs avancent en terre cambodgienne, le pays devient la cible des bombardements américains En 1970, Sihanouk est renversé par le Général Lon Nol avec l’aide des Américains. En 1972, le maréchal Lon Nol est élu président de la République à vie. Le gouvernement est corrompu et faible.

Les Khmers rouges s’organisent dans la jungle et en 1973, leur pouvoir s’est déjà considérablement étendu sous le commandement de Saloth Sar alias Pol Pot. Enfants et adolescents sont éloignés de leurs familles, des coopératives sont créées, et les bouddhistes subissent la répression.

Les Américains bombardent le pays sans aucun égard pour la population. Les bombes continueront de pleuvoir jusqu’en 1973. Une partie de la population déracinée rejoint la guérilla.

En 1975, les Khmers rouges parviennent à prendre la ville de Pnom Penh. Le gouvernement de Lon Nol est renversé et Pnom Penh vidée de sa population. Des centaines de milliers de personnes sont sauvagement exécutées parce qu’elles sont soupçonnées, à tort ou à raison, d’avoir soutenu l’ancien gouvernement. Les Khmers rouges détestent surtout les intellectuels. Des mois avant leur exécution, un grand nombre de victimes sont torturées pendant des « interrogatoires ». Le centre de torture « S 21 » à Phnom Penh en est la parfait exemple (le site que nous allons justement « visiter »). Pour économiser les munitions, les condamnés sont battus à mort dans les camps. Des centaines de milliers de Cambodgiens enrôlés dans les brigades du travail périssent aussi dans des conditions épouvantables. Ils sont directement enterrés dans les champs, les « Killing Fields » ou champs de mort. Les dirigeants des Khmers rouges, Khieu Samphan, Ieng Sary, et Saloth Sar (Pol Pot) qui tire les ficelles dans l’ombre, embrigadent la plupart du temps des jeunes dont ils font des révolutionnaires fanatiques.

Le 13 mai 1975, Pol Pot devient officiellement Premier ministre du Cambodge. Les purges qu’il opère au sein de son propre parti, le PCK, déclenchent de nouveaux exodes massifs. Les Vietnamiens tentent de libérer les Cambodgiens du régime de terreur qui leur est imposé par leur propre peuple. Phnom Penh est prise en 1979. Les partisans de Pol Pot s’enfuient. Sihanouk est relâché par les Khmers rouges peu de temps avant l’invasion vietnamienne. Le gouvernement de Pol Pot conserve son siège à l’ONU. Les fidèles de Pol-Pot ne sont pas destitués de leur pouvoir. Le chaos continue de régner sur le pays. Le Khmer rouge Khieu Samphan devient officiellement chef d’Etat.

Hun Sen est nommé Premier ministre en 1985. Les troupes vietnamiennes se retirent du Cambodge en 1989. Dans les années 1990, le Cambodge tente de retourner lentement à la normalité. En 1992, le pays est placé sous le contrôle de l’Apronuc (Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge). Le prince Sihanouk redevient chef d’Etat en 1991. Des élections ont lieu en mai 1993, le pouvoir exécutif est partagé entre le FUNCINPEC (Front uni pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif), mené par le Prince Ranariddh, fils de Sihanouk, et Hun Sen. La monarchie constitutionnelle est rétablie en septembre 1993, Norodom Sihanouk redevient roi, Norodom Ranariddh Premier ministre et Hun Sen second Premier ministre. Toutefois, une politique de réconciliation nationale est lancée à partir de 1998.

 

Voici un résumé de la bien triste histoire du Cambodge. Elise avait été sensibilisée à cette histoire douloureuse de par ses parents qui, en 1985, avaient créé une association pour venir en aide aux réfugiés cambodgiens souhaitant échapper au régime des Khmer rouges. Lors de sa première visite au Cambodge il y a 8 ans, elle avait déjà visité la prison S-21 et les images étaient encore bien ancrées dans sa mémoire…

Ce lieu est indescriptible. C’est horrible de le visiter et d’être « spectateur » des atrocités qu’ont subis les cambodgiens mais il faut justement le « voir » pour les saisir. C’est en 1975 que les forces de l’ordre avaient faits de ce lycée (le lycée Tuol Svay Prey) la prison de haute sécurité 21, devenue plus grand centre de détention et de torture du pays. Chaque prisonnier qui arrivait au S-21 était photographié, parfois avant et après la torture. Des murs entier des bâtiments sont maintenant tapissés de ces photos…C’est une visite assez éprouvante.

 

 

C’est vraiment retournés que nous sortons de cette visite….

…Direction le marché russe. Le marché russe est beaucoup plus animé et bondé que le marché central ! Nous y mangeons, au milieu des étals, une soupe de nouilles…Eh oui, nous voulons montrer aux parents de Kevin comment nous vivons et mangeons pour moins de 1€ ! D’autant plus que la soupe est correcte. On s’achète quelques fruits, une ou deux babioles et voici l’heure de retourner à la Pagode d’argent.

L’entrée pour la pagode d’argent est assez cher, alors on s’attend à un truc exceptionnel… Et puis après notre visite, on se dit « bon, ok, c’était ça ??? On n’a ni vu les dalles d’argent à l’entrée, ni le Bouddha d’émeraude, ni le Bouddha doré… ». Bref, ils ont tout enlevé !!!! Mince alors…On rejette un coup d’œil sur le guide et…Ah ben oui, c’est parce qu’en fait, c’est la salle du trône que nous venons de voir et pas du tout la Pagode d’argent ! Nous n’avons même pas encore pénétré dans son enceinte en fait ! Pas doués les gars !

On pénètre donc enfin dans la bonne enceinte et nous voici visitant la vraie Pagode d’argent (qui remplit ses promesses), la bibliothèque, l’immense empreint du pied de Bouddha, quelques pavillons et tombeaux, etc. Bon, ce n’était pas exceptionnel mais mieux une fois la petite frayeur du départ passée.

 

On finit l’après-midi à la terrasse d’un bar, en face de la rivière Tonle Sap. Avec cette chaleur incroyable, une bonne bière bien fraîche s’imposait !

Nous finissons la soirée avec le reste de charcuterie et de fromage from France. Un dernier petit goût du pays avant 6 mois !

Cette première journée au Cambodge a été vraiment très intéressante et nous aura profondément marquée. Au-delà de ces visites, nous avons une très bonne première impression de la population : joviale et avenante. Les échanges se font très facilement et de manière très sympathique. La vie est cool au Cambodge…

     

Ça promet du bon pour la suite :-).