Notre journée à l’école Victor Hugo Manjushree Vidyapith (Katmandou)

Notre rencontre avec Pramod et son projet

Pramod est népalais d’origine. Il a néanmoins passé 15 années de sa vie en France. Il avait ce rêve d’ouvrir une école au Népal. Ouvrir une école au Népal n’est pas un petit projet et demande notamment un très gros financement. Comme nous l’avons indiqué dans notre post dédié au système éducatif népalais, il faut par exemple 4000€ de licence (dans un premier temps) pour ouvrir une école qui enseigne jusqu’au grade 8.

Pramod ne pouvait voir son projet aboutir faute de financement. Il a alors rencontré Tristan Leconte, fondateur d’Alter-éco, entreprise pionnière du commerce équitable. Ce-dernier l’a fortement encouragé dans son projet et mieux que ça, lui a demandé de lui écrire un business-plan et en a découlé un financement de sa part pour racheter cette école : l’école Victor Hugo Manjushree Vidyapith (bien qu’à la base, l’école ne s’appelait pas ainsi).

L’école compte aujourd’hui 150 élèves et 15 enseignants. L’école enseigne des Grade 1 au Grade 8. Les bâtiments permettraient d’accueillir jusqu’à 250 élèves.

Depuis 4 mois, ils ont ouverts un internat pour filles qui démarre tout doucement.

 

Nous avons donc entendu parler de cette association et du projet de Pramod sur Internet et, après quelques échanges e-mails, il nous a accueilli dans son école entre 2 périodes de vacances (Dasain oblige !). Le but était pour nous d’en apprendre d’avantage sur le système éducatif népalais mais également d’en connaître un peu plus sur son école et ses besoins.

L’école se veut favorable aux familles défavorisées, dans le sens où la moitié des familles ne payent pas les frais de scolarité alors que nous sommes dans une école privée. Les revenus des parents ne payent même pas les salaires. Ainsi, en parallèle, Pramod développe une agence de tourisme qui permet de financer l’école (Mandap Travel   http://www.mandaptravels.com/).

Le système d’éducation  actuel ne prend pas en considération les valeurs importantes de la société, à savoir, les valeurs humaines, le partage, la solidarité, la préservation de l’environnement etc. Au moment où le Népal traverse une période de crise grave,  avec le sous-développement, la guerre civile, l’émergence de conflits ethniques et de revendications  identitaires, la corruption, l’effondrement de l’autorité de l’état, l’impunité  face à la violence et une  grande injustice sociale,  il  lui semblait donc capital qu’une institution éducative  soit fondée  afin de donner aux futures générations d’élites du pays une éducation adaptée au monde globalisé et qui  intègre les grandes valeurs de la société humaine. C’est son expérience  de  l’occident et de l’Orient qui l’a incité à s’investir dans une école afin de trouver un compromis  pouvant fournir le meilleur des deux civilisations, en vue de bâtir un pont entre ces deux mondes….d’où le nom de l’école. Un nom qui fait le pont entre l’occident et l’orient. Victor Hugo représente la littérature mondiale après la révolution française. Manjushree  représente la sagesse et du savoir dans la tradition hindoue et bouddhiste du sous-continent indien et Vidyapith : le centre d’éducation de qualité.

 

Les élèves viennent d’un périmètre d’1km1/2 autour de l’école. Ils viennent donc tous à pieds. Contrairement à beaucoup d’écoles qui offrent un service de bus pour attirer les élèves habitant dans des coins plus reculés, l’école VHMaVi a souhaité plus de proximité pour rester plus proche des familles.



Notre journée à l’école

Nous avons vraiment été très bien accueilli, aussi bien par les enseignants que par les élèves. Après avoir discuté pendant 1h30 avec Pramod puis Jaya, l’un des bras droit de Pramod, nous avons passé environ 1h dans une classe de Grade 5.

Dans cette école, les enfants ne sont pas en classe par âge, mais par niveau. Les différences d’âge nous ont, ainsi, marquées quand nous sommes entrées dans la classe. Les enfants étaient ravis de nous voir et se sont montrés d’une politesse incroyable ! Ils étaient avides de discuter avec nous.

Leur professeur était absent, ils devaient donc effectuer quelques exercices de mathématiques. Nous les avons surveillés et aidés. Première surprise : les livres sont en anglais ! Voilà donc pourquoi tous les enfants, même en bas âge, sont doués en anglais ! Ils étudient en effet sur des manuels scolaires en anglais.

Nous avons ensuite passé un bon moment à discuter avec chacun d’entre eux et nous étions curieux de cette question : quels sont les rêves de ces enfants ? Quelles sont leurs ambitions ?

Eh bien, leurs ambitions sont très élevés et tant mieux. Voici quelques réponses :

  • Shaiad, Samir, Alina, Anima et Monika veulent être médecins.
  • Saijan, Kriti et Jina veulent être professeurs
  • Raja, Bishal et sunsonrai veulent être artistes (Rajan nous a fait un petite démonstration ensuite de dessin et peinture !)
  • Sujana veut être scientifique…
  • Neha veut être infirmière
  • Rohit et Sajan veulent être footballeur professionnels…

Comme quoi, nous ne sommes pas bien différents sur nos ambitions !

Nous avons pu échanger sur l’école en France grâce au reportage que nous avait envoyé l’école Saint Amand de Bailleul. En discutant avec Jaya, nous avons trouvé l’évolution drôlement semblable. Nous avions été marqués, dans le reportage des enfants par la classe en U qui permet une meilleure communication. L’école VHMaVi avait la même évolution de pensée. Jaya nous a donc emmenés voir une classe de Grade 8 qu’ils ont installé également en U. Malheureusement, toutes les classes n’ont pas la taille requise pour pouvoir accueillir ce genre d’aménagement.

Petite comparaison entre la France et le Népal :-)

 

Les cours durent 80 minutes et une cloche indique la fin des cours. Le vendredi, l’école se termine une heure plus tôt (15h) et 1-2h de l’après-midi sont consacrées à des jeux. Comme nous étions vendredi, nous avons passé tout le reste de l’après-midi dehors, avec les enfants, pendant que les classes, par paquet, jouaient à la chaise musicale.

 

Les besoins de l’école VHMaVi

Au-delà d’un besoin financier, ce sont surtout des compétences que Pramod recherche.

Il accueille des bénévoles, qui viennent enseigner quelques mois dans son école, mais ce sont rarement des enseignants en soi. Pour Pramod, son école pourra monter en compétence si ses enseignants sont bien formés. Quelles actions possibles ?:

  • La présence d’un enseignant occidental qui viendrait quelques mois dans son école pour insuffler des méthodes de travail, aux enfants certes, mais surtout aux professeurs. Pour lui, son école prendra en effet plus de valeur si son école et ainsi ses professeurs montent en compétence.
  • la mise en place d’un échange entre professeurs français et népalais afin d’échanger sur les méthodes de travail et partager les pratiques et savoir-faire…

A suivre donc…

 

Et voici notre journée en photo :

L’école et les classes :

 

 

La cours de récréation :

 

 

Notre passage dans le Grade 5 et leurs exercices de mathématiques (fractions) ::

 

   

 

 

Les enseignants :

   

 

 

L’après-midi détente :

 

 

 

Kévin leur fait une petite interro : mais où se trouve la France sur le globe ?

  

 

Un petit qui s’entendrait très bien avec notre neveu Mattéo !!! :-)